Le chef sud-africain Nick Honeyman et son épouse allemande Sina, célèbrent l’art de vivre à la française dans leur restaurant à Saint Léon sur Vézère. Un coup de foudre partagé pour la verte douceur de ce village de la vallée de l’Homme
En ce début avril, les glycines débordant généreusement de leur treille embaument les ruelles qui serpentent entre les bâtisses de pierre ocre. Elles convergent toutes vers la ravissante église, petit bijou roman du 11ème siècle couvert de lauzes, qui se reflète dans la Vézère. C’est le premier jour de la saison pour Nick et Sina Honeyman et le restaurant affiche complet ! Attablés dans la petite cour de la demeure typiquement périgourdine face au manoir de la Salle, le chef et son épouse me content l’aventure qui les a menés des lagons turquoise de Nouvelle Zélande en Périgord.
Des ingrédients pour un parcours un peu improbable pour ce globetrotter au look de surfer (son sport préféré).
Le goût lui a été inculqué par une maman très bonne cuisinière lors de son enfance sud-africaine. Plus tard, il mène tambour battant une carrière de chef qui l’amènera à la tête des brigades de grandes tables de Nouvelle Zélande, avant de connaître le succès avec son propre restaurant, le Paris-Butter à Auckland.
Avec Sina, ils achètent, le Petit Léon, au cœur du Périgord noir, en 2018. Nick avait découvert quelques années plus tôt le village niché au bord de la Vézère, classée patrimoine biosphère de l’Unesco. Il travaillait alors à l’Astrance et Pascal Barbot, (chef trois étoiles Michelin) lui avait conseillé de faire une expérience chez l’un de ses amis restaurateurs, à la campagne, « histoire de découvrir le charme discret de la douce province », et tout particulièrement le Périgord où l’on pratique l’art de vivre à la française comme Monsieur Jourdain pratiquait la prose, sans le savoir !
Débarqué à Brive, Nick est un brin perplexe : le quartier de de la gare est loin de l’image glamour qu’il imaginait. En route pour Saint-Léon sur Vézère, arpentant les petites routes en lacet, bordées de murets de pierres sèches, à la croisée des paysages mi-quercinois, mi-périgourdins, ; il est alors fasciné par cette nature sauvage et le mystère qui émane de la Vézère, ombrée de falaises habitées il y a quelques millénaires. La saison estivale aux fourneaux du Petit Léon s’avère « un peu « rock’n roll » pour le chef juste parachuté : 150 couverts par jour et quelques mots de français en poche pour échanger avec une joyeuse équipe à l’accent périgourdin à couper au couteau.
« Un concept de restauration durable »
Un lieu qu’il n’a pas oublié… Il reviendra avec Sina, cette fois en tant que propriétaires. En 2021, l’étoile tombe, « une récompense qui célèbre notre « concept de restauration durable » insiste Sina. Après une vie cosmopolite, ils savourent la vie au rythme de ce petit village, dans son écrin de nature ultra préservé avec délice. « Nous admirons les étoiles, les soirs d’été » s’extasie Sina, un émerveillement après avoir vécu dans les grandes métropoles « qui ne dorment jamais ».
Alternant l’hiver en Nouvelle Zélande et la saison estivale à Saint-Léon, Nick et Sina ont dorénavant décidé de rester 11 mois de l’année en Périgord pour pouvoir pérenniser leur personnel. Pour cela, ils ont repris le Ro-bo, restaurant du très chic hôtel de Bouliac, à Montignac, ouvert à l’année grâce à l’afflux touristique de Lascaux IV. Les 17 personnes de l’équipe se partagent entre les deux sites et a même la possibilité d’aller tenter l’expérience immersive dans le restaurant de Auckland.
Mais eux, ont définitivement adopté la vie saint-léontaise. « Après l’école (à quelques dizaines de mètres) on se balade en canoë avec nos enfants, on connaît presque tous les habitants et les fournisseurs du restaurant sont souvent des parents d’élèves, copains de notre fille Nika s ! ». Fruits, légumes et viandes proviennent des fermes environnantes, soigneusement sélectionnées. Côté vins, Sina s’autorise à un peu d’exotisme et propose des cuvées d’autres continents, souvenirs de leur vie passée mais les crus périgourdins occupent le haut de la carte ! Là aussi, chaque cuvée référencée est le fruit d’une belle histoire. Enthousiasmés par leur visite au domaine de Haut Montlong, dans la côte nord de Monbazillac, ils ont en projet une cuvée spéciale « Petit Léon » avec les vignerons Laurence et Philippe Métifet. Plus près de là, la Source oubliée » de la vigneronne et harpiste Nathalie Dalbavie de la Voie Blanche est l’un des nombreux coups de cœur locaux de Sina.
Elle en parle avec passion, le Périgord est devenu leur terroir, au cœur de leur vie à tous les deux.
Texte : Marie-Pierre Tamagnon
Photos : Le Petit Léon



