En se passionnant pour la viticulture lors de la crise du phylloxéra à la fin du XIXe siècle, il jouera un grand rôle dans la reconstruction du vignoble.
Né en 1847, il représente la 4e génération d’une famille de modestes jardiniers venus du Limousin au XVIIIe siècle pour s’établir en bergeracois. Au fil du temps, les Perdoux se spécialisent dans l’activité de pépiniériste et acquièrent une certaine prospérité.
En 1840, Jean, le père de Gabriel et Léopold fonde les Établissements Perdoux. À sa mort, vingt-deux ans plus tard, ses deux fils, malgré leur jeune âge, prennent la suite et perpétuent le nom devenu familier des bergeracois et qui figure, aujourd’hui, à juste titre, dans la liste « des illustres » de la cité. Le siège historique des pépinières est devenu en effet de nos jours un jardin public appelé le « jardin Perdoux », abritant une orangerie accolée à une maison de maître (bâtie par le patriarche Jean Perdoux). Les deux frères continuent l’œuvre familiale en créant une nouvelle activité parcs et jardins pour de riches particuliers. Parmi cette clientèle figurera le célèbre Professeur Samuel Pozzi, brillant chirurgien originaire de Bergerac, familier de la « jet set » parisienne de l’époque (Il aura d’ailleurs une liaison passionnée avec la tragédienne Sarah Bernhardt). Une abondante correspondance échangée avec les frères Perdoux témoigne de l’intérêt qu’il prend à suivre l’agencement du parc au domaine de la Graulet, propriété familiale des Pozzi.
Après cette diversification réussie, Gabriel continue seul, après le décès de son frère, aux commandes de l’entreprise et se spécialise dans la viticulture qui semble le passionner. Il consacrera ainsi de nombreux voyages à visiter des vignobles de par la France. On lui doit très certainement une grande part du succès de la reconstitution du vignoble bergeracois lors de la terrible crise phylloxérique où la mobilisation de grande ampleur des pépiniéristes bergeracois, jouera un rôle décisif pour replanter les vignes anéanties par le fléau. À ce titre la Légion d’honneur lui sera attribuée en 1900. Aux Établissements Perdoux, jusqu’à 100 personnes sont employées pour le greffage des plants américains, résistants à la maladie. À l’époque, 10 000 hectares seront replantés dans le bergeracois qui sera le seul vignoble en Dordogne à subsister après la crise. Jusqu’en 1872, date à laquelle apparut l’insecte ravageur, le vignoble était en effet présent partout dans le département et couvrait une superficie de 98 500 ha.
Gabriel Perdoux développera avec succès une gamme de produits de traitement récompensés par de nombreux prix. La bouillie Perdoux en est un bel exemple, permettant de lutter contre le mildiou. Propriétaire lui-même d’un domaine viticole, il crée une collection ampélographique qui compte 750 variétés de vinifera et 650 vignes américaines et devient le Fondateur de la Société Française d’Ampélographie.
Après une époque florissante et une aventure menée avec son fils, Léopold, de plantation de vignoble à Mendoza en Argentine, l’entreprise subira des difficultés pendant la période de l’après-guerre et connaîtra la faillite en 1932.
Merci à Chantal Dauchez pour ses recherches sur la famille Perdoux parues dans l’Avenir du Passé, Collectif l’Association des Amis de la Dordogne et du Vieux Bergerac.
Texte Marie-Pierre Tamagnon
Illustration Yann Hamonic